Pourquoi voterez-vous contre la loi sur le renseignement ?
Mais en tant que républicain et homme de gauche, je ne serai absolument pas dépositaire de la philosophie ultrasécuritaire qui inspire un tel texte. Clairement, la vie privée - et donc les libertés - sont atteintes. J’ai alerté sur ce que pourrait donner cette loi si elle tombait dans les mains d’un pouvoir autoritaire, on me répond que, justement, si un parti autoritaire arrivait au pouvoir, il mettrait une telle loi en place, c’est un aveu terrible.
N’y a-t-il pas eu, lors du débat à l’Assemblée mi-avril, des explications et des évolutions du texte de nature à vous rassurer sur les risques d’atteintes aux libertés ?
Le gouvernement estime, au contraire, qu’elle permet de mieux encadrer des pratiques qui existaient déjà, sans support légal…
Et j’avoue que la fascination de certains de mes collègues pour les services secrets et les «gadgets» du renseignement m’inquiète.
Le texte crée pourtant une Commission nationale de contrôle des techniques de renseignement (CNCTR). N’est-ce pas suffisant ?
Les partisans du texte vous suspectent de contester a priori toute initiative du gouvernement et pointent le congrès du PS qui approche…
La gauche ne peut pas avoir pour horizon le libéralisme économique d’un côté et l’obsession sécuritaire, de l’autre. On ne peut pas répondre par moins de libertés à ceux qui veulent précisément atteindre nos libertés fondamentales.
Comment répondre, dans ce cas, à la menace terroriste ?
Par une meilleure formation de nos agents sur les mouvements de radicalité, notamment religieux, par une meilleure coordination entre les services, en augmentant aussi le nombre d’agents. Or, la surveillance de terrain, humaine, est totalement négligée dans l’approche du gouvernement. C’est aujourd’hui le drame des Américains qui se sont fondés sur le tout numérique et ont perdu leurs relais. Surtout, sans politique de formation et de développement de grande envergure avec nos amis et voisins d’Afrique, nous n’arriverons à rien. Restera aussi à mettre fin à la duplicité des diplomaties à l’égard de certains régimes, notamment dans le Golfe…